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Francophonie

Visite Moldavie : C. Aubé

SUR LA ROUTE DE CHISINAU… Ma visite en Moldavie

Récit de voyage de Claude AUBE, Claude Aubé habite Brasov le joyau des Carpates. Nous vous recommendons vivement de visiter son site http://brasov.free.fr

Dés que j’ai pénétré dans le poste frontière de Cahul, j’ai compris que je venais d’entrer dans un autre monde. Devant moi, Madame le consul qui doit me délivrer mon visa d’entrée en République de Moldavie s’obstine a me parler en russe quand j’utilise ma connaissance du roumain pour communiquer avec elle. La langue officielle du pays est pourtant le roumain! Je la soupçonne de le faire exprès. Qu’importe, elle consent a fermer les yeux sur le fait que je ne possède pas de photo a joindre a mon dossier d’entrée. Avec Alex, mon ami moldave, qui entre temps est redevenu «Sacha», l’appellation russe de son prénom, nous reprenons notre route vers Chisinau.

Sur la route défoncée qui nous mène vers le nord, les villages défilent. Mais alors qu’en Roumanie beaucoup de maisons sont peintes, ici, c’est le gris qui domine. Les murs, les toits, les dépendances: tout est immensément gris, impression encore accentuée par la poussière omniprésente et les toitures de fibrociment. Passée la plaine, nous traversons une zone de collines où domine la vigne. Le paysage est piqueté de forêt et, ça et la, au bord de la route, des fontaines dispensent l’eau des sources.

Et nous arrivons à Chisinau. Comme en Roumanie, les traditionnels monuments de béton de style soviétique ornent l’entrée de la ville: CHISINAU, nous y sommes bien! Les avenues larges sont encombrées de voitures. La Dacia est ici remplacée par la Lada mais les BMW, Mercedes et voitures de luxe sont en nombre. Curieux les nombreux bus ou camion fonctionnant au gaz dont les grandes bouteilles sont installées sur le toit. Pas d impression de pauvreté en tout cas. Le plus étonnant reste pour moi tous les panneaux publicitaires en russe. Je vais aussi découvrir bientôt que les journaux sont en russe quand la population est roumaine à 65%. Les bouquinistes offrent quasiment seulement des livres en russe, pas un cinéma en langue latine se lamentent mes amis qui heureusement parlent tous le russe.

La ville est belle néanmoins et avec le soleil qui va m’accompagner toute cette semaine, s’y promener est un plaisir. Beaucoup de beaux monuments anciens, la cathédrale , la mairie, les musées, les théâtres. Et aussi les imposants monuments socialistes: parlement, gouvernement et présidence de la république, gigantesque bunker de béton et de verre, tous alignés le long du boulevard Stefan Cel Mare. Autre impression qui prédomine, l’abondance des parcs, des jardins et de la verdure. La foule déambule sur les boulevards, les demoiselles habillées encore plus sexy qu’à Bucarest. Beaucoup de terrasses déjà encombrées d’un peuple qui semble joyeux. Un peu en contrebas du centre, on accède a un lac entouré de verdure ou l’on a remisé l’imposante statue de marbre de Lénine autrefois érigée au centre de la ville et qui sert de terrain de jeux aux nombreux écureuils.

Pas de pénurie en tout cas dans les nombreux magasins de la ville. Déjà, là aussi les super marché bien achalandés et où on fait la queue aux caisses. Mais ici aussi, des étalages hétéroclites d’objets bradés par les chômeurs, les retraités qui vendent une partie de leurs souvenirs pour survivre. Et aussi, les traditionnels marchés regorgeant de fruits et de légumes. Ici, il faut profiter des poissons fumés ou salés de toutes sortes et aussi des chocolats si particuliers que sont les «lapte de pasare».

Circuler à Chisinau m’a paru facile grâce aux nombreux minibus qui sillonnent la ville avec des arrêts fixes mais aussi à la demande pour le prix raisonnable de 2 lei et qu’on appelle ici «rutier». Ils convergent tous vers le centre ville et j ai appris a me reconnaître dans cette ville de 663.000 âmes en peu de temps. Dans le quartier de la gare, se trouvent les bouquinistes et le marche aux puces. Mais la encore, difficile de trouver un livre en roumain. Sur le boulevard Stefan Cel Mare, un marché de peinture, d’artisanat, de souvenir est le royaume des russes. J y ai vu une poupée russe allant de Chirac, le plus grand jusqu à un minuscule De Gaulle.

Avec Tatiana, mon guide qui parle un français savoureux, nous allons visiter les musées. Comme elle profite de mon séjour pour améliorer son français, c’est parlant cette langue que nous pénétrons dans le musée d’histoire. Dommage pour moi, la préposée aux billets qui demande 2 lei à Tania m’en demande à moi… 15. Etranger me dit-elle, tarif pour étranger! Le lendemain, nous pénétrerons dans la musée d’ethnographie en parlant roumain et j’échapperai donc au racket.

Mes amis m’ont accueillis dans leur deux-pièces au onzième étage d’un immense complexe aux portes de la ville face au jardin zoologique. Malheureusement, certains n’ayant pas payés leurs charges, l’usage de l’ascenseur a été interrompu. Je pense aux malheureux qui habitent au 24 éme étage, un vrai calvaire pour les personnes âgées. Hormis cela, je peux constater ici comme en Roumanie que la population est particulièrement accueillante.

Mais, Sacha m’a proposé de monter également deux jours dans son village, Napadova, au nord du pays, sur les rives de la Nistru, face au pays sécessionniste de la Transnistrie. Nous avons quitte Chisinau par une belle route qui passe à côté des caves réputées de CRICOVA que nous n’avons pas le temps de visiter cette fois. Apres 80 kilomètres, nous quittons la bonne route pour emprunter des voies qui me rappellent la Roumanie d’il y a une dizaine d’années pour finir par emprunter des chemins empierrés qui nous amènent enfin presque à la frontière de l’Ukraine. C’est une zone de collines de sable alluvionnaire qui bordent la Nistru, ravinées par les intempéries. Magnifique coucher de soleil dans ce ciel bleu limpide qui nous accompagne encore quand nous arrivons au village. Toujours les mêmes maisons grise mais agrémentées ici de barrières de bois peintes en vert, certaines, peu nombreuses, en bleu. Toutes les maisons sont basses, sans étage, les seules bâtisses plus hautes étant des bâtiments administratifs. Ici, pas de chiens errants, chaque occupant ayant son ou ses chiens, enchaînés court. Sur les chemins de terre se côtoient les charrettes et les voitures de luxe au milieu des Lada, des Volga des plus riches ex-communistes et des improbables Zaporojet ukrainiennes refroidies à l air.

Nous allons nous promener jusqu’aux rives de la Nistru. Merveilleux paysage de falaise de calcaire veinée de langues de terre argileuse grasse au pied de laquelle une lande d’herbe rase conduit jusqu’à la rive. Seul, un pécheur rompt l’harmonie de la courbe du fleuve. Plus de navigation hélas sur ce cours d’eau où les bateliers étaient nombreux autrefois. Le fleuve coule lentement, large et paisible. Sur presque tout son cours, il va serpenter jusqu a …. Mais la quiétude de l’endroit est feinte: la Nistru est devenue la frontière de fait entre la République de Moldavie et la Transnistrie que le fou de Tiraspol, soutenu par les Russes, revendique. Déjà, sur le pont qui conduit a la ville de … les soldats en arme contrôlent le passage et personne ne m encourage a passer le pont…Retour a Chisinau.

Nous profitons encore un peu du charme de la ville ponctué de rendez-vous avec quelques francophones et à l’Alliance Française. Et nous devons quitter la Moldavie mais je sais maintenant que je reviendrai dans ce pays attachant où je suis venu plutôt réticent et d’où je repars en y laissant amis et souvenirs…

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